Épave 513 – le M4623 « Ludwig Janssen »

Dessin Olivier Brichet-2003
Reproduction interdite

La plongée

SHOM épave N° 14583029 – Position GPS (sous réserves, non vérifié) 48°47’916 N – 3°05’680 W (WGS84) – Carte SHOM 7127

Il s’agit de l’épave d’un chalutier armé utilisé comme dragueur de mines par la Kriegsmarine pendant la dernière guerre (voir le petit point historique sous les photos). Cette épave est située au milieu du Trieux en aval de Lézardrieux à la hauteur du plan d’eau de Coatmer et de la balise des Perdrix. Il est conseillé de plonger à l’étale par petit coefficient et en évitant les périodes pluvieuses à cause du « doucin ». À moins d’avoir des tendances suicidaires marquées et bien qu’il soit proche du rivage, il est fortement déconseillé de rejoindre le site à la nage, la circulation des bateaux étant très dense et les navigateurs ayant un fort penchant pour la chasse au plongeur…

Le navire est en relativement bon état, il repose à plat sur sa quille sur un fond de sable gravillonneux dans la zone des 20m. La visite peut commencer par la proue qui est très abîmée, le haut de l’étrave, découpé en 1982 au cours d’une campagne de la Marine Nationale, reposant à l’envers à quelques mètres sur tribord (bancs de tacauds). On se déplace vers l’arrière pour visiter la cale avant bien ajourée et sans danger particulier. En sortant de la cale on trouve le guindeau et on peut alors suivre une des coursives bâbord ou tribord vers l’arrière. La plupart des postes sont accessibles (vides et envasés) dans l’un d’eux on peut apercevoir le haut de la machine à triple expansion. Sur l’arrière se trouve le treuil utilisé pour le dragage des mines. On peut alors descendre le long de la poupe pour admirer le safran et l’hélice à demi-ensablés. Après le retour vers l’avant le long de la coque, on peut suivre la chaîne de mouillage et rechercher la perche et le « bruiteur » destiné à faire exploser les mines « à influence ». De nombreux « souvenirs » sont disséminés sur l’épave et aux alentours : étuis de cartouches anglaises et allemandes, cuillers, fourchettes et couteaux « d’époque », etc… 🙂

En 1982, les plongeurs du Liseron ont procédé à l’arasement du bâtiment, cf. l’article du Ouest-France de l’époque.

Quelques photos et vidéo

Vidéo réalisée par Jacques Le Lay avec son aimable autorisation.

Un peu d’histoire

Le Ludwig Janssen était un chalutier à vapeur de 56m de long lancé en septembre 1937 aux chantiers Deschimag-Seebeck à Bremmerhaven et armé par la compagnie Ludwig Janssen & co. Réquisitionné en 1939, il est affecté à la 12 MsFl (Minensuch Fottille – flottille de dragueurs de mines) sous le N° M1205 et opère sur les côtes hollandaises et en Mer du Nord. En 1942, après la dissolution de cette unité il est transféré à la 46 MsFl de Saint-Malo sous le N° M4623, indicatif radio Z H D, commandant : Oberleutnant zur See Mehlen.

Insigne de la 12 MsFl
Insigne de la 46 MsFl

Le 22 mai 1944, un convoi composé des M4621 – Van Ronzelen, M4623 – Ludwig Janssen, M4624 – Schlesien, M4626 – Ostfriesland – et du cargo RO8 quitte Saint-Malo pour Bordeaux. Ils naviguent de nuit pour échapper aux avions alliés, au petit matin du 23 mai, vers 6 heures, ils entrent dans l’embouchure du Trieux et mouillent sur le plan d’eau des Perdrix. En fin d’après-midi, peu après 18H00, huit Typhoon IB britanniques du squadron 263, basé à Harrowbeer, escortés par huit Spitfire MK XIV du squadron 610 basé lui à Bolt Head, plongent sur les navires au mouillage. Le M4623 est encadré par cinq ou six bombes, l’une d’elles explose sur bâbord arrière au droit de la machine. Le navire coule lentement par l’arrière. L’équipage est repêché par le M4621. On déplore 2 blessés graves et 2 légers. À 21H30 le convoi est de nouveau attaqué et le M4621 touché. Le commandement ordonne le retour vers Saint-Malo. Plus tard les Allemands enverront des scaphandriers récupérer l’armement et tout ce qui peut être utile. Les anglais ne déplorent aucune perte lors de l’attaque malgré une DCA intense. En revanche, au retour sur Bolt Head, le train d’atterrissage d’un Spifire refuse de descendre. Après plusieurs tentatives le pilote se décide à tenter un atterrissage sur le ventre. Comme souvent dans ce cas, le réservoir ventral explose lors de la glissade. Le Flight Lieutenant Ronald West meurt de ses brûlures dans la nuit, l’enquête ne pourra déterminer si la panne de train d’atterrissage est due à la DCA. En 1947 l’épave du M4623 sera inspectée par la Marine Nationale mais le projet de renflouage sera abandonné (rapport d’évaluation). On se contentera de détruire la partie supérieure de l’épave (cheminée, passerelle etc…) afin qu’elle ne soit pas un danger pour la navigation. Le travail de démolition sera achevé en 1982 lors de 2 campagnes du groupement de plongeurs démineurs de Brest. Après la guerre les M4621 et M4626 seront utilisés comme bâtiments hydrographiques par la Marine Nationale sous les immatriculations respectives P660 – Alidade et P661 – Octant jusqu’en 1960 pour le premier et 1959 pour le deuxième. Contrairement à ce que pensait le scaphandrier qui a réalisé l’évaluation d’avril 1947, les chalutiers de cette série chauffaient au charbon, la réserve était de 260 tonnes.

Références

Texte et composition de la page : Roger Poitevin (Décembre 2010)
Sources
: Océans Hors-série épaves N°3 – Ouest France – La Presse d’Armor « Raids aériens sur la Bretagne durant la seconde guerre mondiale » R. Bohn J. Ilias
Informations historiques : Yvon Hervé
Documents presse : Alain Violas – Photos de Lézardrieux durant la guerre – collection privée Yvon Hervé
Illustration : Olivier Brichet – reproduction interdite
Photos sous-marines : GISSaCG/Henri Jacq & Yann Querrec – reproduction interdite
Vidéo : Jacques Le Lay – reproduction interdite
Les sites « The Royal Air Force – History section »,  « Royal Air Force organisational history », N°610 (county of Chester) Squadron  pour les illustrations du 610 Squadron, l’Association Ariane Andromaque avec Bernard de Maisonneuve et Claude Rabault,l’association bretonne du souvenir aérien, Miramar ship index , le site de Peter Müller sur les chantiers navals de Bremmerhaven , le site Navypedia pour les images du M1202 et du M1205
et l’aide précieuse de Christophe Moriceau de l’expédition Scyllias

(MAJ décembre 2022 – Webmestre GISSaCG)

(MAJ décembre 2022 – Webmestre GISSaCG)

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